Il sera présenté le 13 février 2020 en avant-première à la Filmothèque du Vatican
Thierry Demaizière fut le seul journaliste radio français à être présent à Bagdad durant la première guerre du Golfe. Cet ancien reporter de guerre s’est spécialisé ensuite dans l’interview-portrait, pour la télévision, racontant la complexité et la richesse intérieure des personnes avec précision et sensibilité. Il s’est associé depuis 2004 à Alban Teurlai, réalisateur français, directeur de la photographie et monteur, pour produire des documentaires consacrés à des personnages célèbres. Tous deux ont par exemple réalisé en 2016 un film sur l’acteur porno Rocco Siffredi, dont la mère aurait voulu qu’il devienne prêtre…
Aujourd’hui, les deux metteurs en scène triomphent avec un documentaire de 90 minutes sur Lourdes, acclamé par 200 000 spectateurs au cours de l’année dernière. Ce film d’un réalisme poignant porte chacun à s’interroger sur son rapport à la souffrance et à la mort ; il sera aussi dans les salles italiennes à partir du 24 février 2020. Quand Thierry Demaizière et Alban Teurlai évoquent Lourdes, ils parlent de « quelque chose » d’extraordinaire, d’exceptionnel. Bernadette elle aussi n’avait pas d’autre mot pour décrire en patois pyrénéen « aquero », c’est-à-dire « quelque chose », qu’elle voyait à la grotte de Massabielle… Ne s’agit-il pas d’abord du mystère d’une rencontre intérieure?
Des films, des reportages télévisés, existaient déjà pour raconter l’histoire ou l’actualité du pèlerinage, mais aucun documentaire n’avait encore été fait pour parler des motivations profondes des pèlerins. Pourquoi viennent-ils à Lourdes, qu’espèrent-ils, que représente pour eux la Vierge Marie ? Autant de questions qui trouvent réponse à travers le témoignage de personnes que le film nous propose de suivre pas à pas, dans l’intimité de leur démarche humaine et spirituelle.
Ainsi par exemple, devant le rocher noir et buriné de la grotte, Cédric, jeune homme handicapé qui fut renversé par une voiture quand il était enfant, nous entraîne dans une prière décentrée de lui-même, pour ceux qu’il aime, sa mamie spécialement. Le papa d’un enfant gravement malade nous fait partager l’intercession pour son épouse, afin qu’elle ait la force d’accompagner leur fils Augustin sur son chemin de douleur. Un homme atteint par la maladie de Charcot, Jean, cloué dans son fauteuil roulant, prie lui aussi surtout pour les autres, nous confiant avec sagesse que « le handicap et l’infirmité sont le reflet de toutes les souffrances non visibles de chacun ».
Dans ce film la porte d’entrée du message de Lourdes est donc le cœur des personnes, non pas les grandes célébrations, même si le téléspectateur y pénètre peu à peu après avoir partagé le quotidien des chambres de malades, aux côtés de jeunes volontaires bouleversants de générosité. Progressivement, l’eucharistie nous apparaît comme le moment le plus fort du pèlerinage. Un homme qui se travestit et se prostitue à Paris sert la messe avec foi, dans le cadre du groupe Magdala, désireux de changer de vie. Des images de la messe internationale, tournées au ralenti dans la basilique Saint Pie X, nous plongent dans une ambiance céleste.
« Ici on touche le Royaume de Dieu du doigt », souligne un pèlerin venu avec les gens du voyage. L’onction des malades est également un temps fort du séjour à Lourdes, au cours duquel surabondent paix et consolation. Les cierges, le chemin de croix, la procession aux flambeaux, n’ont d’importance qu’en fonction des histoires vraies de solidarité et d’amour que les réalisateurs nous font partager. L’eau de Lourdes est elle aussi relative à des expériences, comme celle du jeune Jean-Baptiste qui en rapportera dans un biberon à son petit frère malade. Le documentaire se termine avec le bain aux piscines, dans le regard serein d’un homme paralysé, dont les yeux se ferment lentement comme pour nous inviter à garder dans nos cœurs ce « quelque chose » de précieux qui nous a été révélé, de l’ordre de l’invisible, comme un trésor d’éternité.
1 Comment
Merci pour ce commentaire qui nous conduit du réel à l’eternel….