Pèlerins à Bari, “fenêtre grande ouverte sur le Proche-Orient” selon l’expression du Pape François, les patriarches orientaux des diverses confessions chrétiennes se sont réunis avec l’évêque de Rome, le 7 juillet dernier, dans une dynamique œcuménique, afin d’invoquer la paix pour les peuples des territoires bibliques.
Les chefs d’Eglises se sont d’abord recueillis dans la crypte de la basilique, près des reliques de saint Nicolas – témoin de la foi très vénéré en Orient – où ils ont allumé la “lampe à flamme unique”, symbole d’unité et d’espérance. Le Saint-Père commenta ensuite ce moment en exaltant le “signe d’une lumière qui brille encore dans la nuit”, expliquant que “lorsqu’on tend les mains vers le ciel dans la prière et qu’on tend la main au frère sans chercher son propre intérêt, brûle et resplendit le feu de l’Esprit, Esprit d’unité, Esprit de paix”.
Rassemblés en bord de mer, où ils se rendirent dans une sorte de “papamobile œcuménique”, les participants de cette rencontre unique et historique ont supplié le “Dieu de toute consolation” (2 Co 1,3) pour tous ceux qui souffrent au Moyen-Orient, berceau des grandes religions monothéistes. “Au Moyen-Orient, il y a les racines de nos âmes-mêmes”, lança le successeur de Pierre, soulignant que c’est là que le Seigneur, “l’astre d’en-haut”, est venu nous visiter. Il a dénoncé “le silence de beaucoup” face à la guerre et à la violence, “la complicité de beaucoup” dans les occupations et les migrations forcées, allant jusqu’à parler du “risque que la présence de nos frères et sœurs dans la foi soit effacée” de cette région du monde.
“Du cours du Nil à la vallée du Jourdain et au-delà, en passant par l’Oronte jusqu’au Tigre et à l’Euphrate, que résonne le cri du psaume : Paix sur toi”, s’est exclamé le Pape sur le ton des prophètes, relayant “le cri des nombreux Abel d’aujourd’hui qui monte vers le trône de Dieu”. “Nous voulons être une voix qui lutte contre l’homicide de l’indifférence… Nous voulons donner voix à qui n’a pas de voix, à qui ne peut qu’avaler ses larmes”, résuma-t-il, avant de se retirer pour un colloque à huis clos, autour d’une table ronde, avec les autres responsables d’Eglises, et une femme, Souraya Bechealany, secrétaire générale du Conseil des Eglises du Moyen-Orient.
Cette belle expérience de synodalité, longuement introduite par Mgr Pierbattista Pizzaballa, Administrateur apostolique de Jérusalem, fut marquée par un échange au cours duquel chacun a pu prendre la parole sur les sujets fondamentaux de la justice, de la paix et du respect de la dignité des personnes. “Nous sentons que nous devons nous convertir encore une fois à l’Evangile”, a ensuite confié le Saint-Père, sur le parvis de la basilique, montrant que “dans la nuit du Moyen-Orient en agonie… ce ne sont ni la fuite, ni l’épée qui hâteront l’aube radieuse de Pâques, mais le don de soi, à l’imitation du Seigneur”.
“Cela suffit, l’occupation de terres qui lacère les peuples ! Cela suffit, la domination des vérités de parti sur les espérances des gens ! Cela suffit, l’utilisation du Moyen-Orient à des profits étrangers au Moyen-Orient !”, a-t-il déclaré notamment, évoquant “les leçons d’Hiroshima et de Nagasaki” et souhaitant “que les terres d’Orient où est né le Verbe de la paix ne se transforment pas en sombres étendues de silence”.
Dans ce discours le Saint-Père n’a pas manqué d’insister aussi sur la nécessité de respecter le statu quo de Jérusalem, “ville de tous les peuples, ville unique et sacrée pour les chrétiens, les juifs et les musulmans du monde entier”, plaidant une nouvelle fois en faveur d’une solution négociée entre Israéliens et Palestiniens qui garantisse “la coexistence de deux Etats pour deux peuples”.
Après que François ait rappelé que “l’espérance a le visage des enfants”, évoquant les yeux de ceux qui parmi eux “ont passé la plus grande partie de leur vie à voir des ruines au lieu d’écoles, à entendre le grondement sourd des bombes au lieu du vacarme festif des jeux”, un lâcher de colombes concluait la journée, comme une promesse que “revienne le tendre rameau de l’espérance” (Genèse 8,11).