Tandis que la fête de la Miséricorde divine conclut l’octave de Pâques, en ce dimanche « in albis » – en blanc – voyons ce que nous pouvons retenir des enseignements du Pape lors de la Semaine Sainte, pour nourrir notre vie de baptisés toujours en chemin.
Avons-nous bien pris conscience que la pierre du tombeau vide, celle que Marie Madeleine se demandait comment rouler au matin de Pâques, est en réalité ce qui nous empêche intérieurement de rejoindre la source vive de l’amour? La pierre de la pesanteur et de l’opacité est en nous. Pour bien le comprendre, il nous faudrait relire aussi le récit de la Genèse, où l’on voit comment Jacob – revêtu d’une force céleste – pousse la pierre au dessus de l’ouverture du puits, afin que la bergère Rachel puisse donner à boire à son troupeau (Genèse 29,2). Nous avons à disposer nos âmes pour recevoir cette énergie spirituelle, la toute présence, nécessaire à faire jaillir au cœur du monde l’eau de la vie, « limpide comme du cristal, qui sort du trône de Dieu et de l’agneau » (Apocalypse 22).
Cette eau de la vie est avant tout le signe que Dieu nous aime, comme le Pape François l’a manifesté en lavant les pieds de plusieurs détenus, le Jeudi Saint, à la prison romaine Regina Coeli. « Je suis un pécheur comme vous, mais qui représente Jésus, je suis un ambassadeur de Jésus », a souligné le Saint-Père, expliquant ainsi comment « Jésus prend des risques » pour nous dire son amour et son pardon.
Au terme du grand Chemin de croix organisé au Colisée, le soir du Vendredi Saint, François a rendu hommage à tous les hommes et toutes les femmes qui, à la suite du Christ, défient « la conscience endormie de l’humanité », en risquant leur vie pour servir l’espérance, « exemples vivants de charité et de gratuité dans notre monde dévoré par la logique du profit ». Sa prière s’est élevée en notre nom pour que – comme le bon larron qui « avec honnêteté a volé le paradis » – nous ayons « des yeux pleins de honte, de repentir et d’espérance » en regardant le Fils de Dieu, agenouillés devant sa miséricorde.
« Célébrer Pâques signifie croire de nouveau que Dieu fait irruption et ne cesse de faire irruption dans nos histoires, défiant nos déterminismes uniformisants et paralysants », a continué d’insister le successeur de Pierre, dans son homélie de la veillée pascale, au cours de laquelle il a baptisé un migrant nigérian, John Ogah, connu en Italie pour avoir héroïquement désarmé un voleur qui braquait un magasin en septembre dernier. « Célébrer Pâques signifie faire en sorte que Jésus soit vainqueur de cette attitude lâche qui tant de fois nous assiège et cherche à ensevelir tout type d’espérance », notait encore le Pape au soir du Samedi Saint.
Durant la messe de Pâques, son homélie improvisée nous invitait à méditer sur « l’annonce-surprise » de la résurrection du Seigneur. « Les surprises de Dieu nous mettent en chemin », commenta-t-il, décrivant la hâte des femmes qui courent proclamer la nouvelle. « Et moi, Ai-je le cœur ouvert aux surprises de Dieu, suis-je capable d’aller en hâte ? », demanda-t-il, avant la bénédiction urbi et orbi. Adressant ses vœux de joyeuses Pâques depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, le Pape n’a pas manqué d’évoquer la terre du Christ et d’invoquer « des fruits de réconciliation pour la Terre Sainte, blessée encore en ces jours par des conflits ouverts qui n’épargnent pas les personnes sans défense », faisant allusion au drame des nombreuses victimes civiles dans la bande de Gaza.
Le lundi après Pâques appelé « Lundi de l’Ange », François a lancé un vibrant appel à « redécouvrir la fraternité ». « La fraternité est le fruit de la Pâque du Christ qui, avec sa mort et sa résurrection, a vaincu le péché qui séparait l’homme de Dieu, l’homme de lui-même, l’homme de ses frères », fit-il remarquer, nous exhortant à « vivre la fraternité et la nouveauté du dialogue et de la relation », nouveauté qui pour nous, chrétiens, est une véritable responsabilité.
Eclairés intérieurement par cette grâce de Pâques qui déplace la pierre de nos égoïsmes, soyons témoins de fraternité avec l’Eglise, « modèle d’altruisme, arche de salut, source de certitude et de vérité », selon les paroles du Pape au Colisée. Malgré toutes les tentatives pour la discréditer, elle demeure plus que jamais fontaine de l’amour illimité de Dieu pour l’humanité.