« L’enfant et sa mère Marie pleurent pour les enfants sans maison… » : depuis quelques jours ces mots d’une émouvante chanson de Fayrouz, chrétienne du Liban, reviennent dans ma mémoire. Cette œuvre musicale engagée, intitulée « Jérusalem », a marqué ma jeunesse en Algérie. Avec mes amis musulmans nous reprenions souvent les paroles où il est dit que « dans le cœur du monde la guerre s’est implantée », invoquant la paix pour « la rose des villes », « Al Qods », vers laquelle les yeux de notre coeur chaque jour se tournent…
L’hymne à la paix de Fayrouz, que je vous invite à écouter, est plus que jamais actuel à l’heure où les Etats Unis du président Donald Trump bafouent le droit international, reconnaissant unilatéralement, depuis le 6 décembre, Jérusalem comme capitale d’Israël.
Confrontés à l’occupation de la ville sainte depuis 1967 et à soixante-dix ans de colonisation, les Palestiniens ont reçu le soutien d’une grande majorité des Etats membres de l’Assemblée générale de l’ONU, jeudi dernier, approuvant une résolution qui déclare « nulle et non avenue » la décision américaine sur le statut de Jérusalem.
Les équilibres changent : l’isolement international des Etats Unis est désormais total. Quatorze des quinze Etats membres du Conseil de sécurité de l’Onu avaient déjà cherché à condamner la décision américaine, lundi 18 décembre, bloqués par un veto déshonorant de Washington, accompagné de menaces.
Ainsi, grâce au cadeau empoisonné fait par Donald Trump à Israël, la question palestinienne est de retour sur le devant de la scène, après avoir été occultée pendant plusieurs années par une propagande orchestrée.
« Alors que soufflent sur le monde des vents de guerre », le Pape François relaie à sa manière, dans son message de Noël, l’appel de la communauté internationale en faveur de la concertation en Terre Sainte. Il indique « le signe de l’Enfant », qui nous entraîne à « le reconnaître sur les visages des enfants », faisant allusion à ceux pour qui, comme pour Jésus, « il n’y a plus de place dans la salle commune » (Luc 2,7).
« Nous voyons Jésus dans les enfants du Moyen Orient, qui continuent à souffrir à cause de l’aggravation des tensions entre Israéliens et Palestiniens », souligne le Saint-Père. « Demandons au Seigneur la paix pour Jérusalem et pour toute la Terre Sainte ; prions pour qu’entre les partis la volonté de reprendre le dialogue l’emporte et que l’on puisse finalement parvenir à une solution négociée qui permette la coexistence pacifique de deux États à l’intérieur de frontières définies entre eux et reconnues internationalement », ajoute-il encore, demandant au Seigneur de soutenir « l’effort de ceux qui sont animés par la bonne volonté d’aider cette terre meurtrie à trouver, malgré les graves obstacles, la concorde, la justice et la sécurité qu’elle attend depuis longtemps ».
Pour notre part unissons-nous à la prière du successeur de Pierre, en méditant le plus souvent possible les psaumes qui exaltent la « ville où tout ensemble ne fait qu’un ». Appelons le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t’aiment ! Que la paix règne dans tes murs » (Psaume 121).