Avons-nous deux papes ?

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Un pape de droite et un pape de gauche, qui se font la guerre ? Beaucoup de personnes ont le sentiment que François et Benoît XVI s’opposent sur le fond et que l’Eglise catholique est coupée en deux. L’affaire récente du livre du cardinal guinéen Robert Sarah, sur le célibat sacerdotal, a été désastreuse de ce point de vue.

Cet ouvrage pensé par un éditeur de grand talent, intitulé Des profondeurs de nos cœurs (Fayard), publié sans que les autorités vaticanes n’en aient été informées, portait en couverture le nom de Benoît XVI près de celui du cardinal Sarah, comme s’il avait été écrit à quatre mains. Il était censé représenter un cri d’alarme par rapport à des menaces sur le célibat sacerdotal qu’auraient fait peser les conclusions du Synode sur l’Amazonie.

En réalité, le Pape François s’est toujours refusé à remettre en question le célibat des prêtres, même si certaines exceptions sont envisageables dans des territoires éloignés où les communautés chrétiennes sont privées des sacrements, spécialement de l’Eucharistie. De plus, Benoît XVI lui-même, quand il régnait, avait autorisé les prêtres anglicans désireux de rejoindre l’Eglise catholique à rester mariés tout en devenant prêtres catholiques, sans parler des Eglises catholiques d’Orient où l’ordination sacerdotale d’hommes mariés est traditionnelle depuis les temps apostoliques. Le célibat est un don, pas un dogme!

L’alerte lancée est donc pour le moins exagérée, faisant surtout le jeu de ceux qui cherchent à diviser l’Eglise et à profiter idéologiquement du scandale déclenché. Sur le fond de l’affaire il n’y a en réalité aucun problème, par contre sur la forme rien ne va.

Au lendemain de l’annonce de la sortie du fameux livre, le secrétaire du pape émérite s’est exprimé de la part de Benoît XVI, pour demander qu’en couverture son nom ne soit plus présenté comme celui de co-auteur, et que sa signature n’apparaisse plus dans l’introduction et la conclusion de l’ouvrage, évoquant un « malentendu ». Abusé dans sa confiance, l’homme d’Eglise, âgé de 93 ans bientôt, avait accepté qu’un texte de lui sur le célibat sacerdotal soit publié dans le livre du cardinal africain, ni plus ni moins.

Il n’avait bien sûr pas imaginé que son nom serait utilisé dans une opération destinée à déstabiliser le Pape François et à influencer sa prochaine exhortation apostolique, fruit des réflexions sur le Synode amazonien, où la question de l’ordination d’hommes mariés, parmi les diacres déjà en mission, pourrait être décidée. Ces ouvertures n’empêcheront pas de considérer toujours que le célibat sacerdotal est un trésor, puisque le prêtre qui donne entièrement sa vie à Dieu est un peu, à l’image de la Vierge Marie, comme « le ciel qui contient le soleil ».

Prions pour le Saint-Père et écoutons son enseignement évangélique, sans nous laisser détourner de l’essentiel par des manœuvres politiques qui ne sont pas chrétiennes. Nous n’avons qu’un seul pape, auquel nous devons une obéissance loyale, c’est François.

Benoît XVI avait promis aux cardinaux de se retirer dans le silence et la prière quand il a démissionné en 2013, il n’a pas tenu parole, peut-être en raison de son âge très avancé qui le rend dépendant de son entourage proche.

Cet épisode douloureux de l’histoire de l’Eglise, que nous venons de vivre, pose la question du statut d’un pape démissionnaire ; ce statut ne devrait-il pas être revu afin que le titre porté soit « évêque émérite de Rome » et non « pape émérite », et ce dernier ne pourrait-il pas de préférence abandonner l’habit blanc, qui porte à confusion, pour une soutane noire par exemple ? L’exemple de l’humble saint Célestin V, premier pape qui ait renoncé à sa charge, au Moyen Âge, reste à cet égard exemplaire.

Contrairement à l’idée fausse que donne une certaine communication médiatique, surtout dans le contexte actuel marqué par le film de Netflix, Les deux papes, le successeur de Pierre s’appelle François jusqu’au prochain conclave, et nous lui demeurons fidèles parce que nous sommes catholiques. Tout autre discours, si bien intentionné soit-il, entraîne un risque de schisme.

3 Comments

  1. Brunel Christine dit :

    Un très bon commentaire auquel j’adhère complètement et que je vais partager avec des Amis que cette situation a choqué et avec lesquels j’ai longuement discuté cette semaine tout un après midi. MERCI pour votre éclairage. Amitiés.

  2. Philippe de M dit :

    Merci pour ce commentaire, bien écrit et mesuré

    J’apprécie la démarche de ne pas se contenter de désigner un coupable d’un doigt vindicatif

    La dimension que prend ce sujet fait clairement le jeu du mal :
    – nombre de commentateurs utilisant cette opportunité de mettre en avant, très ostensiblement, leurs convictions sociales, politiques et/ou religieuses (convictions le plus souvent sincères et désintéressées).
    – d’autres, sautant sur l’occasion d’attaquer personnellement un ou plusieurs des protagonistes, attaques menées avec l’emphase et la vindicte inhérents au fonctionnement des réseaux sociaux.

    Sans négliger parfois de pratiquer les deux

    Je souhaite être informé régulièrement de vos prochaines publications ou interventions publiques.

  3. P. Philippe dit :

    Merci, François, de cet article qui aide à comprendre, à apaiser les esprits, à porter un regard de foi et à chercher des solutions. Je souhaite que beaucoup de personnes puissent y avoir accès. “UT UNUM SINT”.

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